LE CENTENAIRE DE PORT-SALUT : EST-CE UNE CÉLÉBRATION CITOYENNE OU UNE AFFAIRE D’ÉTAT ?

On se rappelle qu’en janvier 2016, un article a été publié dans les colonnes de Port-Salut Magazine pour signaler aux élus que la commune de Port-Salut aura un siècle en 2017. On avait bien pris le soin de souligner que les festivités entourant cette célébration historique et mémorable doivent être une affaire citoyenne. Ce sont les citoyens vivant dans cet espace géographique qui doivent déterminer avec les élus locaux quel sens ils donneraient à la célébration de cette tranche d’histoires de la collectivité de Port-Salut.

Avec une économie en nette régression où le budget national n’a pas encore été voté au Parlement, sans compter l’orientation politique du pouvoir exécutif de miser beaucoup sur la caravane de changement; il existe des doutes suffisantes sur la volonté du gouvernement actuel d’apporter un réconfort réel aux gens sinistrés durant les deux catastrophes naturelles dans le grand sud. Pour ainsi dire, l’heure n’est plus à une fête grandiose pour les autorités centrales qui n’ont aucun intérêt à soutenir les festivités socioculturelles des élus devant marquer la célébration du centenaire de Port-Salut.
Dans un contexte socio-économique difficile, il faut se demander comment les élus locaux vont-ils s’y prendre pour trouver les moyens de financement afin d’organiser des activités dans toutes les localités environnantes de Port-Salut? Le secteur privé va-t-il commanditer certaines activités citoyennes? Le député de la circonscription de Port-Salut, l’honorable Bertrand Sinal peut encore compter sur la subvention de la chambre basse pour offrir des activités de divertissement à la population. Il sait déjà qu’il recevra un chèque de 350.000 gourdes pour la fête patronale de sa circonscription électorale.
 
Cependant, on n’est pas en mesure de confirmer si les trois sénateurs de la république qui représentent le département du sud vont contribuer aux festivités du centenaire de cette commune. Il est de notoriété publique que les trois sénateurs recevront chacun une subvention de 1 million de gourdes de la chambre haute pendant 5 périodes de l’année (Noël, carnaval, Pâques, fêtes patronales, ouverture des classes). Sauf la justice demeura le parent pauvre du budget national, car il n’y a personne des deux pouvoirs qui va défendre le pouvoir judiciaire.
 
En règle générale, les sénateurs devront répartir le montant de cette subvention aux élus des communes qui font partie intégrante de leur département géographique. Port-Salut Magazine n’a pas obtenu de l’information concernant une quelconque subvention des trois sénateurs au conseil communal de Port-Salut. On peut être certain que le montant alloué au député Sinal va être utilisé pour organiser des activités en faveur de ses partisans. On n’est pas sûr que le Maire principal est au courant des festivités qu’il compte entreprendre de manière à éviter le dédoublement des activités en faveur de l’ensemble des citoyens.
 
Est-ce que le Maire principal Wilson Dena recevra-t-il un montant de son ministère de tutelle, c’est à dire du ministère de l’intérieur et des collectivités territoriales et celui du ministère de la culture en cette impérieuse circonstance? S’il y a des promesses de ces deux institutions d’Etat, savait-il le montant d’argent qui lui sera débloqué pour permettre au premier citoyen de la ville de bâtir sa programmation. Ce faisant, il pouvait planifier des festivités dans les régions rurales avec l’appui des autres élus locaux. On doit comprendre l’absence d’un dialogue franc et de consensus entre les élus peut donner une mauvaise impression aux invités qui vont profiter de la fête patronale Saint Dominique.
 
À notre avis, ce n’est pas le moment de laisser transparaître les divisions systémiques qui rongent cette collectivité depuis plus un siècle. On n’est pas sûr qu’il s’agit d’un problème de convictions politiques qui est la cause de cette méfiance réciproque. Les organisations politiques du pays ne cherchaient pas à améliorer le sort des gens en situations difficiles. Tout simplement, nos dirigeants politiques s’entre-déchirent sur la place publique pour exercer le contrôle du pouvoir afin de s’enrichir au détriment de la masse défavorisée.
 
Même si les élus locaux n’adhèrent pas à la même organisation politique, ils doivent savoir qu’ils sont les citoyens d’une même collectivité qui commémore son centenaire cette année. Pour cet instant solennel, ils doivent montrer l’exemple de fraternité, de réconciliation, d’unité et de respect mutuel. Ils doivent accepter de faire fi de tout sentiment égoïste et d’orgueil pour se montrer civilisés aux yeux des visiteurs qui viennent découvrir la richesse et la beauté de la commune de Port-Salut.
 
À mon avis, l’échec du centenaire ne sera pas la responsabilité d’un seul homme ou d’un seul dirigeant. Ce sera l’échec de tous les citoyens indistinctement qui n’ont pas su  intervenir pour réconcilier les fils et filles d’une même collectivité qui célèbre une page mémorable de son histoire.
 
Jean-Marie Mondésir

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