FAUT-IL ABORDER LE CAS DE GUY PHILIPPE AVEC ÉMOTION OU MORALITÉ?

Par Jean-Marie Mondésir

La critique est aisée, mais l’art est difficile, dit-on un vieux dicton. Plusieurs acteurs politiques n’ont pas la capacité de renverser la conjoncture actuelle. Ils ont peur d’être sanctionnés par les pays occidentaux qui jouent un jeu hypocrite avec le peuple haïtien. Ils n’ont pas les moyens financiers de mobiliser la foule pour contraindre le régime PHTK 3e version de quitter le pouvoir. De plus, Dr Ariel Henry se comporte en bon esclave depuis de près 30 mois à répondre aux exigences des représentants occidentaux composant le Core groupe.

Des gens meurent sans arrêt dans les quartiers populaires à cause des gangs armés qui terrorisent la population vulnérable, on n’entend pas les autorités publiques ni les intellectuels exprimer leurs désarrois au régime par rapport aux victimes innocentes. Dr Ariel Henry occupe la primature depuis 20 juillet 2021 en remplissant les fonctions de président, de Premier ministre, de ministre de l’intérieur et des collectivités territoriales, de chef du Conseil supérieur de la police nationale (CSPN) sans aucun organe de contrôle. Près de 30 mois au pouvoir sans mandat ni mission et il ne sympathise pas avec les victimes d’affrontements des gangs armés qui fuient leur résidence pour se réfugier dans les abris d’infortune.

La ministre de la justice a déclaré sur les ondes d’une station de radio que certains territoires sont perdus et près de 80% du territoire de la capitale sont occupés par les gangs armés et le régime en place n’est pas en mesure de protéger les droits fondamentaux des citoyens : droit à la sécurité, droit à la vie, droit à la santé, droit au travail, droit à l’éducation, etc.

On n’entend aucun intellectuel condamner le régime PHTK 3e version qui ne se préoccupe des gens vulnérables dans les quartiers populaires ni les refoulés de la République dominicaine. La population est aux abois et l’équipe du Dr Ariel Henry ignore la souffrance du peuple haïtien. Il ne fait que rendre des comptes aux représentants des ambassades américaines constituant le Core group.

Le pays n’est ni dirigé ni gouverné depuis l’accession de Dr Ariel Henry à la Primature le 20 juillet 2021. Les oligarques corrompus qui ont financé les gangs criminels pour fomenter le coup d’état suivi de l’assassinat crapuleux du président Jovenel Moïse sont au pouvoir sans fournir de résultat concret. Qui pis est, ils sollicitent l’intervention d’une force multinationale pour consolider leur pouvoir et souiller le sol légué par Dessalines, notre père fondateur.

Plus de 20.000 élèves à la capitale ne pouvaient pas fréquenter une école durant le 1er trimestre du fait que les citoyens victimes occupent les établissements scolaires pour sauver leur vie. Le Premier ministre Ariel Henry n’a jamais pipé un mot de sympathie à l’endroit de ces citoyens.

De quelle moralité dont on parle? Nos intellectuels ont-ils conscience des conditions socio-économiques des plus démunis du pays?

Dans un contexte socio-économique archi difficile où les acteurs politiques n’ont aucune légitimité populaire pour renverser la situation actuelle; chacun cherche à tirer la couverture de son côté pour siphonner la caisse du trésor public. Est-ce le moment de parler de moralité ou de critiquer l’action d’un Haïtien qui veut débarrasser le pays des gangs à cravate qui contribuent à creuser le sort de notre pays.

À notre avis, il n’y a pas de place à l’émotion ni à la partisanerie. On ne peut pas reprocher les gens qui s’associent au discours de Guy Philippe qui leur donne un espoir de se débarrasser d’un régime méprisant et insouciant qui est pactisé avec les gangs de bandits pour terroriser la population. Le peuple a grand besoin d’un discours qui lui fait rêver à un lendemain meilleur. Aucun acteur politique sur le terrain ne peut offrir l’espoir de circuler librement à travers le pays.

Quand on évolue dans une société où les autorités gouvernementales démissionnent en laissant leur place aux groupes criminels de kidnaper les paisibles citoyens pour decapitaliser la classe moyenne sans le concours des forces policières et judiciaires. Quand la police n’entreprend aucune action crédible et sérieuse pour combattre l’insécurité et éradiquer les bandits qui rançonnent les chauffeurs de transport en commun empêchant les gens de vaquer à leurs occupations personnelles et professionnelles, on comprendra les effets du discours de Guy Philippe sur les gens victimes et vulnérables.

Les juristes qui se respectent doivent se baser sur les textes juridiques en vigueur pour dire le mot du droit au lieu de se concentrer sur les actions passées et le plaidoyer de culpabilité de Guy Philippe aux États-Unis pour des infractions de blanchiment des avoirs. Il a purgé sa peine pour ces infractions commises durant les années 1997-2001. Étant donné qu’il n’y a pas d’élection ni de nouveau projet de constitution ni de nouvelle loi électorale; il est préférable d’attendre un peu avant de discuter sur sa moralité. Il ne faut pas oublier: vox popili vox dei.

À bien remarquer, la constitution haïtienne et le droit pénal haïtien sont l’expression de la souveraineté haïtienne. Les textes juridiques haïtiens ont une portée territoriale. Notre pays n’est pas une colonie américaine. Le plaidoyer de culpabilité de Guy Philippe pour blanchiment des avoirs en vertu du système américain n’est pas opposable au droit haïtien. Il a été emprisonné pendant 6 ans après avoir accepté de plaider coupable sur ouï-dire pour les infractions qu’il aurait commis durant la période de 1997-2001. Le droit américain ne reconnaît pas les peines afflictives et infamantes qui sont inscrites à l’article 7 du code pénal haïtien.

Faisons la preuve de sa condamnation par un tribunal haïtien pour une infraction punissable d’une peine afflictive et infamante, le débat est clos. On espère que la nouvelle constitution et la nouvelle loi électorale qui vont être en vigueur sauront mieux traiter le cas de Guy Philippe.

On doit se rappeler que l’infraction de blanchiment des avoirs dans le droit haïtien est en vigueur en 2013. Les infractions en droit pénal n’ont pas d’effet rétroactif… de quoi parlons-nous maintenant.


Jean-Marie Mondesir
Juriste haïtien | Spécialiste en droit civil
Éditeur de Port-Salut Magazine | La voix de Dumont | Solidarité paysanne
PDG de Dumont Inter 103.1 FM
Portsalutmagazine.ca | radio-dumont.com

1 commentaire

  1. Guy Phillippe met Ariel Henry au défi de l’arrêter et de révoquer Jeantel Joseph

    Texte extrait de Gazette Haïti News

    L’ancien rebelle et condamné de prison aux USA pour blanchîment d’argent provenant de la drogue Guy Philippe décide de défier le pouvoir en place. Après avoir menacé de se rendre dans les bureaux publics pour pousser Ariel Henry à la démission, l’ex élu de la Grand’Anse réagit aux rumeurs du projet de son éventuelle arrestation circulant sur les réseaux. Questionné à ce sujet sur Radio Méga, Guy Philippe met le gouvernement au défi de passer à l’action. « Mete manda a se leta yo ye, men se ekzekite manda a », répond-t-il .

    Des rumeurs sur une éventuelle décision des autorités en place de faire arrêter Guy Phillipe circulaient sur les réseaux sociaux. Ce qui a poussé l’intéressé à réagir.
    L’ex commissaire de police a déclaré sur Radio Mega que ceux qui auraient pris la décision « seront jugés » par sa « révolution ». Ils devront répondre devant le tribunal de l’histoire et devant le peuple, a lancé Philippe qui met le gouvernement au défi de passer à l’action:« Mete manda a se leta yo ye, men se ekzekite manda a »

    Celui qui vient de plaider coupable et purger une peine de 6 ans d’emprisonnement pour blanchiment d’argent lié au trafic de drogue a été aussi invité à réagir sur une eventuelle révocation de Jeantel Joseph, chef du BSAP. Là encore, il met Ariel Henry au défi de révoquer son poulain. Selon Guy Philippe l’actuel premier ministre ne dispose d’aucun pouvoir pour nommer et révoquer. Il rappelle que Jeantel Joseph a été nommé par l’ancien président Jovenel Moïse.
    « Misye pa gen okenn otorite legal pou revoke Jeantel Joseph, pa okipe l », conclut Guy Philippe.

    Depuis sa sortie de prison et sa déportation en Haïti, l’ancien rebelle ayant pris les armes contre Jean Bertrand Aristide en 2004, multiplie les déclarations chocs. Durant les fêtes de fin d’année, il avait annoncé en vain une révolution pour le 1er janvier 2024 avant d’expliquer que sa « révolution est en route et qu’elle aboutira. ».
    Guy Phillipe a organisé une tournée l’ayant conduit à Petit-Goâve, Gonaïves, Cap Haïtien et Ouanaminthe. Dans la deuxième ville du pays, il s’était plutôt confiné dans un hôtel. Aucun rassemblement politique, contrairement à Ouanaminthe où il fut acceuilli par plusieurs milliers de personnes. La sécurité de Guy Philippe est assurée partout oì il passe par des agents du BSAP lourdement armés et des individus encagoulés portant l’uniforme de la police.

    Par Gazette Haïti News

    GUY PHILIPPE A MIS LE RÉGIME ARIEL HENRY AU DÉFI DE L‘ARRETER ET DE RÉVOQUER JEANTEL JOSEPH …

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